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Ma SEP, mon passager noir

Reprendre ?

8 Décembre 2015, 13:56pm

Publié par ML Gambié

Reprendre ?

Le handicap est la première raison de discrimination à l'embauche. Rien d'étonnant à ce que les personnes atteintes d'un handicap invisible préfèrent le taire.

Je suis en arrêt maladie depuis des années. Il y a eu des essais de reprise, et des rechutes. Aujourd'hui, j'arrive au bout aussi bien de mes droits que des trésors d'ingéniosité quotidienne que je déploie pour occuper mes journées a minima, dans la limite de mes cuillères disponibles, et m'éviter de replonger dans la dépression. J'aimerais essayer de reprendre. Dans cette optique, et puisque mon employeur déménage et fait de son mieux pour recaser tout le monde - tout le monde ne peut pas suivre ... j'ai fait la demande, très exceptionnelle et appuyée par la médecine du travail, justifiée par ma situation très particulière, d'un poste en télétravail.

Sur le contenu des attributions de ce poste, je suis totalement ouverte : je suis d'accord pour faire un bilan de compétences puisque reprendre à mes anciennes attributions est quelque peu compliqué par mes problèmes cognitifs, eux-mêmes très accentués par les états de fatigue accrue. Pourquoi du télétravail ? Mon employeur déménage à plus d'une heure trente de chez moi. La fatigue cumulée des temps de transport, qui étaient déjà depuis mon domicile de plus d'une heure aller et une heure retour, faisait peser sur une reprise éventuelle un énorme risque d'épuisement et de rechute grave (déjà vécu hélas), et voilà qu'il s'éloigne encore... Je n'ai pas les moyens de me rapprocher, je suis pour des raisons financières en bordure de région parisienne et mon institut rejoint la capitale... Ajoutez à cela que la maladie s'est très nettement accentuée depuis deux ans, qu'il m'est plusieurs fois par jour impossible de supporter la température d'une pièce et que je dois alors m'isoler et me dévêtir pour me refroidir (voir "Thermo(dé)régulation"), que je tolère par moments très mal mes frères humains et suis dans l'incapacité de le masquer (voir "SEPt fois sa langue dans sa bouche") et la perspective d'un poste "sur site", dans un bureau, avec des collègues, me semble définitivement inaccessible.

Heureux hasard ! Mon employeur est un tout gros de la recherche publique en informatique. La mise en oeuvre d'un travail à distance, qu'il consent d'ailleurs assez largement à ses chercheurs, est donc totalement à sa portée. La RH semble, je m'en réjouis et croise les doigts autour d'une patte de lapin trempée dans des trèfles à quatre feuilles, mettre une réelle bonne volonté très estimable en oeuvre, et je me félicite qu'elle ait pris contact, avec mon accord, d'une part avec le comité médical afin que je voie un expert dans l'optique de cette reprise ("suis-je "en capacité" de tenter le coup ?" c'est ce que je vais devoir plaider auprès de cet expert, que j'ai déjà rencontré à plusieurs reprises, qui semble bien informé sur la SEP) d'autre part avec des cabinets d'expertise professionnelle dans l'idée d'un bilan de compétences permettant de me réaffecter à un poste plus en adéquation avec mes capacités que la maladie a restreintes, sans toutefois les réduire à néant : ma plume est toujours debout, mon orthographe vaillante, et j'ai toujours à cœur d'être utile à mon administration.

Je rencontre l'expert la semaine prochaine, et avec son autorisation j'espère pouvoir entamer un bilan de compétences.

Restera à mon employeur à innover, à accepter de changer ses habitudes pour me donner l'opportunité de travailler depuis chez moi, ainsi que je l'ai déjà fait avec succès, il pourra s'en enquérir, durant quatre ans pour le Conseil constitutionnel (à mi-temps hélas, ce qui m'a amenée à quitter ce poste).

Je n'ai que 41 ans.
Je suis trop jeune pour ranger au placard mes compétences, mon envie de servir la collectivité, le besoin de me sentir utile qui me poussent vers les fonctions publiques et le Droit, et me résigner à n'être plus qu'une mère et épouse handicapée, "en retraite anticipée pour invalidité".
J'ai besoin d'essayer.

Laissez-moi essayer.

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